Communiqué FERC - 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes
"A l’heure où nous écrivons ce communiqué, 140 féminicides sont dénombrés en France depuis le début de l’année. 140 femmes tuées parce que femmes. Au moins 70 enfants sont devenus orphelins.
Alors oui, nous aimerions nous réjouir de la modification de la définition du viol dans la loi. Mais l’appareil législatif aussi parfait soit-il ne sera jamais suffisant tant que les moyens ne seront pas mis dans la formation des personnels de police/justice, dans le financement d’associations et de services pour accompagner les victimes, les loger, les aider dans leurs démarches… Pour rappel certaines des femmes assassinées ces dernières semaines avaient déposé plusieurs plaintes, et pour certaines étaient équipées du téléphone « grave danger ».
Du sexisme « ordinaire » au féminicide en passant par le harcèlement, les violences sexistes et sexuelles (VSS) forment un continuum qui rythme – voire, parfois, organise – la vie des femmes.
La montée des idées et pratiques de l’extrême droite en France et dans le monde ne peut qu’alerter fortement les associations et organisations féministes. Les attaques plus ou moins masquées contre le droit des femmes se multiplient dans le monde, portées par Trump, réélu alors qu’il a été condamné pour agression sexuelle, par le programme de Meloni ou par la sortie de la Lettonie de la Convention d’Istenbul. Le maintien des femmes sous le joug des hommes comme en Iran ou en Afghanistan, les attaques contre l’éducation à la vie affective et sexuelle, y compris en France par des collectifs réactionnaires de parent·es ne sont qu’une partie émergée du projet nauséabond de l’extrême droite. De manière plus pernicieuse, elle instrumentalise la cause féministe et les violences faites aux femmes. C’est le cas du Rassemblement national et du collectif Némésis qui choisissent les drames pour diffuser leur message anti-immigration et raciste.
Loin des objectifs affichés de « grande cause nationale », les chiffres des VSS restent alarmants, c’est l’enquête de victimation du ministère de l’Intérieur, publiée le 30 octobre, qui le constate : une hausse de 16 % des victimes de violences sexuelles. Si on va dans la précision, les violences physiques, c’est à dire agression sexuelle, viol ou tentative augmentent de 20 %. 84 % de ces victimes sont des femmes.
Les VSS au travail ne sont toujours pas assez prises en compte par nos employeur·ses. Les bilans du MENJS et du MESR présentés récemment ne nous satisfont pas. La mise en place des dispositifs de signalement des violences s’est faite très lentement, et si ils sont désormais en place dans presque toutes les académies (pas en Guyane), leur existence n’est pas synonyme d’efficience. La formation des personnels, y compris celles et ceux censés intervenir dans ces dispositifs, n’est pas assurée à 100 %. Il en est de même pour les personnels d’encadrement.
Les référent·es égalité ne disposent pas des mêmes moyens, quand ils et elles ne sont pas simplement empêché·es d’effectuer leur mission.
Par ailleurs le milieu de l’enseignement supérieur est régulièrement secoué par d’innombrables scandales et de très nombreuses victimes.
Le plan d’action du MESR est bien trop timide et s’apparente plus à une campagne de communication qu’à un plan ambitieux. Les budgets liés à la lutte contre les violences physiques ou sexuelles n’ont pas été versés ou sont versés de manière discrétionnaire. Il n’y a aucun engagement de création de postes pérennes pour nos collègues chargé·es des questions égalité et violences physiques ou sexuelles dans les établissements. Le compte n’y est pas !
Les coupes prévues dans le futur budget laissent les associations d’éducation populaires qui œuvrent pour la prévention et l’éducation à la citoyenneté sans moyens.
Le nouveau plan 2024-2027 n’est pas assez ambitieux pour imposer la mise en place des formations, la prise en compte des VSS et le traitement des dossiers. Trop souvent encore les victimes se heurtent au « pas de vagues ».
Nous pourrions aussi nous réjouir de l’adoption et de la mise en œuvre à cette rentrée du programme d’Éducation à la Vie Affective et Relationnelle et à la Sexualité. Las ! Les enseignant·es ont commencé l’année sans les supports pédagogiques prévus, la formation est indigente, et les personnels formateur·rices n’ont pas de moyens pour former leurs collègues.
Malgré le rôle décisif de l’École dans la prévention, la détection et la prise en charge des VSS, le ministère est loin d’être à la hauteur de cet enjeu. Ce sont toujours 160,000 enfants qui sont victimes d’inceste selon les chiffres de la CIVIISE. 1 enfant sur 10. 2 ou 3 par classe.
La FERC CGT revendique la mise en place immédiate de mesures ambitieuses pour protéger les victimes et lutter contre les violences sexistes et sexuelles au travail que ce soit pour les personnels ou les usager·es.
Elle exige l’application des lois existantes, un plan d’urgence national, des politiques publiques promouvant la prévention, la protection et la solidarité vis-à-vis des victimes et des co-victimes, et mettant fin à l’impunité des agresseurs.
La FERC CGT exige la mise en place réelle des 3 séances annuelles d’information et d’éducation de toutes et tous à la vie affective et sexuelle, dans l’enseignement public et privé sous contrat avec l’État, comme le stipule la loi de 2001 ; ainsi que les moyens à la mise en œuvre effective du programme d’EVAR-S. Elle demande le soutien de l’administration aux personnels contre les campagnes de désinformation et les attaques menées par les collectifs réactionnaires de parent·es.
La FERC CGT exige la protection des élèves et apprenant·es lors des périodes de stages, de Formation en milieu professionnel (PFMP) et d’apprentissage.
Avec la CGT, la FERC demande une loi-cadre intégrale contre les violences sexistes et sexuelles, comme en Espagne, et les 2,6 milliards d’euros nécessaires pour la mettre en œuvre.
La FERC CGT appelle à participer à toutes les actions et manifestations qui auront lieu à l’occasion du 25 novembre dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes."
Parution : 25/11/2025