Vers un nouveau modèle de gestion des falaises initié par la FFCAM dans la Drôme

Article de Philippe Poulet sur Grimper.com

 

Du Vercors aux Baronnies, le département de la Drôme est richement doté en falaises de tout type, des chaos de blocs des Roches-qui-dansent ou du Claps aux hautes parois historiques d'Archiane, des Trois Becs ou encore de Buis-les-Baronnies. Ce territoire comprend donc une cinquantaine de sites majeurs parmi les plus réputés de l'hexagone mais dont les falaises « sportives », une dizaine « sous protection » FFME jusqu'alors, se sont pris de plein fouet la vague du déconventionnement, les sept dernières interdictions ayant été promulguées par les propriétaires terriens il y a tout juste deux semaines dans le Sud-Vercors.

 

Pour lutter contre ces pertes essentielles pour la communauté, la FFCAM a donc initié en décembre dernier la mise en place d’un comité de pilotage (COPIL) destiné à protéger et réautoriser au plus vite les SNE de la Drôme. Cette nouvelle entité est soutenue par le conseil départemental, très favorable à la pratique de l’escalade, de par son impact touristique et donc économique. Le but est de très rapidement créer un poste d'agent de développement (dont l’annonce de recrutement a été officiellement lancée hier), qui agira en interface entre les institutions et les propriétaires. 

 

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Le Département, via son service Environnement et Sports, va quant à lui amener son soutien financier au projet mais va surtout fortement inciter les collectivités locales, principalement les EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale, 10 sur le département), à accepter de reprendre la « garde » des sites.

La Drôme souligne que les sports nature font partie de son ADN mais, contrairement à d'autres qui tiennent le même discours, elle y met les moyens pour ainsi livrer aux pratiquants également 6 000 km de sentiers, 500 km de parcours aquatiques, des stations hiver/été, des via ferrata, une cinquantaine de sites de parapente et, en tout, une centaine de secteurs de grimpe. 

 

Éduquer les grimpeurs de falaise et édicter de nouvelles règles de sécurité

Le COPIL FFCAM26 ne souhaite toutefois pas tomber dans les écueils qui ont amené cette situation, c’est-à-dire revendiquer un risque 0 en falaise sportive tout en garantissant à 100 % l'équipement en place, une position bien difficile à tenir en milieu naturel. Il souligne toutefois que son action ne doit pas être contrainte par des normes sécuritaires trop aberrantes : « On a beau mettre un point tous les mètres, ce n'est pas pour ça qu'un caillou ne va pas tomber... ». 

Le COPIL rejoint en cela la volonté de son instance nationale de tutelle et tient à insister sur l'aspect éducatif qui doit devenir incontournable pour qui va « s'aventurer » en falaise. Son Directeur technique national, Luc Thibal, indique ainsi : « Il faut aussi éduquer les grimpeurs d'extérieur. Qu'ils comprennent bien qu'ils ne sont pas dans une salle, que leur comportement doit s'adapter, déjà pour leur propre sécurité, ce qui permettrait de diminuer le risque d’accidents, mais également pour le vivre ensemble vis-à-vis des autres, pratiquants, propriétaires ou riverains ». 

La fédération des clubs alpins encourage ainsi la FFME à réécrire les règles techniques et de sécurité (RTS) dédiées à l’escalade extérieure, qui jusqu’à présent ne différencient pas l’indoor et l’outdoor. Selon Luc Thibal, « ces RTS font partie des obligations du Code du sport et cela permettrait une bonne fois pour toute de mettre sur le papier des préceptes de sécurité qui correspondraient uniquement à la pratique de l'escalade en milieu naturel et qui pourraient ainsi être une base homogène d'information ».

 Il faut aussi éduquer les grimpeurs d'extérieur. Qu'ils comprennent bien qu'ils ne sont pas dans une salle.

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Le rocher Saint-Julien à Buis-les-Baronnies, l'un des sites historiques de la Drôme. © Sam Bié

 

 

Le fonctionnement novateur du COPIL FFCAM

L'objectif du COPIL est donc que chaque falaise intégrée à ce programme novateur soit confiée à un club d'escalade, qu’il soit FFCAM, FFME ou FSGT. Ce référent qui est censé être le plus légitime assurera la « veille » tout en œuvrant en lien étroit avec le propriétaire foncier ou le « gardien » juridique du site. S’il n’y a pas de référent local : la falaise ne pourra être intégrée à cette planification.

 

Ce projet-pilote est d'ailleurs suivi de très près par son institution nationale qui veut dupliquer une organisation de ce type dans d'autres zones de l’hexagone afin de sauver les falaises qui sont très clairement menacées à court terme. Rien ne sert de se voiler la face, « la loi n'est pas du tout prête à être modifiée, pas avant bien longtemps » comme nous le confie une experte en la matière.   

La FFCAM endosse donc désormais sa « cape » de défenseur de l'escalade extérieure, une posture qui permettra probablement de débloquer à terme différentes situations tendues entre propriétaires inquiets et grimpeurs devenus indésirables même dans des sites dits « historiques ». 

Rien ne sert de se voiler la face, « la loi n'est pas du tout prête à être modifiée, pas avant bien longtemps »

 

Vers un nouveau modèle de gestion des falaises initié par la FFCAM dans la Drôme

Parution : 04/04/2023

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