Communiqué du SNAPEC - projet de nouveau diplôme escalade
Communiqué public - Projet de nouveau diplôme
Chers syndiqué·es,
Dans le cadre de la lutte que nous menons contre le projet de nouveau diplôme escalade de la FFME, nous vous adressons ci-dessous (et ici en pdf) notre communiqué destiné aux pratiquants et au grand public.
Nous vous invitons à le diffuser largement auprès de votre réseau (local ou plus large), afin que chacun soit informé de la situation et de ses enjeux.
En effet, il nous semble légitime qu'un débat ait lieu parmi les acteurs et personnes concernées, afin que chacun puisse se forger une opinion sur la question.
FFCAM, CREPS, syndicats et centrales syndicales (à noter cette pétition en ligne à l'initiative du SIM), tous partagent l'analyse que ce projet est nuisible en l'état, et doit être combattu. Nous le ferons donc, parce que vous nous avez mandatés pour défendre la profession.
Nous vous tiendrons prochainement informés de l'évolution de ce dossier,
L'équipe du SNAPEC
--- COMMUNIQUÉ PUBLIC ---
Non à un nouveau plan de Carrière !
TFP : tout fout le pan !
Il y a plusieurs mois, en tant que syndicat des travailleurs du secteur, le SNAPEC-CGT a été convié par la FFME à participer aux réunions d'élaboration d'une nouvelle qualification dans le champ de l'enseignement de l'escalade.
Quelques rencontres plus tard, nous regrettons de constater une nouvelle fois qu'il ne s'est jamais agi d'un réel dialogue mais d'une pseudo consultation d'apparat.
A l'évidence la FFME et les salles privées ont une idée précise de ce qui est bon pour l'escalade (comprenez “pour le développement de leurs activités”). L'avis de celles et ceux qui sont au cœur de leurs actions au quotidien ne leur importe manifestement pas. Il semblerait qu'ils sachent même ce qui est bon pour nous mieux que nous-mêmes !
Le SNAPEC-CGT a vocation à rassembler et défendre l'ensemble des travailleurs de l'enseignement de l'escalade, quel que soit leur diplôme et leur statut de travail.
Nous sommes plus de 750 syndiqués SNAPEC-CGT, professionnels de l’escalade diplômés CQP, CS, DE/BE…
Nous sommes animateurs, éducateurs, moniteurs en club, entraîneurs, responsables d’équipe, responsables de structure, ouvreurs, salariés de CT ou de salle privée, …
Et nous sommes nombreux, en parallèle de notre activité professionnelle, à nous investir bénévolement en entretenant les falaises, au sein des clubs et comités fédéraux, et à être licenciés d’une fédération.
Autant dire que nous avons une bonne idée de comment un club ou une salle fonctionnent.
Et que nous connaissons de près l’escalade et sa fédération délégataire.
Nous estimons donc légitime que notre expertise influe sur le devenir de la profession.
Passionnés et artisans majeurs de la dynamique de l’escalade en France, pourquoi nous opposons-nous à ce projet de TFP (titre à finalité professionnelle) ?
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Parce que ce titre n’est pas le fruit d’une réflexion collective dans l’intérêt général mais la dernière production des intérêts des (gros) employeurs.
Aucune de nos objections et propositions, pas plus que celles des autres syndicats présents (SNGM, SIM), n’a été retenue par la FFME.
Notons que le projet de la FFME et des salles privées, qui se soustrait à la filière du ministère des sports, n’est pas la première créature échappée du laboratoire de l’apprenti sorcier FFME. Il fait suite à la création du DE escalade limité à une longueur, puis celle du CQP animateur en SAE, rendues possibles par la sortie d’une partie de l'activité escalade du champ de compétence exclusif des établissements d'État.
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Parce que l'histoire nous montre que l'émergence d'une multitude de qualifications de moindre niveau que les historiques BE/DE s'est accompagnée d'une dégradation des conditions de travail : taux d'encadrement, cadence, temps de préparation, baisse globale de la rémunération pour les prestations réalisées (et ce malgré la plus-value qualitative offerte par les professionnels les plus qualifiés).
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Parce qu’enseigner une activité sportive telle que l'escalade, qui plus est en site naturel, nécessite une expérience et une formation à la hauteur des exigences de qualité et de sécurité.
Comment sans temps de formation ni moyens supplémentaires amener à un niveau satisfaisant les futurs moniteurs avec un niveau d'entrée bien moindre ? La détention d’un passeport fédéral (délivré par l’employeur potentiel lui-même…) équivaut-elle à la réussite des tests d’entrée et de sélection organisés par un organisme de formation d’Etat ?
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Parce que dans les faits, mettre le pied à l’étrier avec un petit diplôme se traduit concrètement en impasse professionnelle et en turn-over.
Le SNAPEC lutte contre un marché du travail précarisant, construit sur la multiplication de petits boulots compartimentés et sous qualifiés. Enseigner l’escalade est un métier aux multiples facettes.
L’expérience du CQP AESAE, vendu initialement comme une première étape d’un processus de formation progressive au cours d’une carrière, financé par les employeurs, nous l’a cruellement montré : les titulaires d’un CQP ne vont pas (car ils ne le peuvent pas !) se diriger vers des formations plus qualifiantes.
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Parce que nous militons depuis des années pour une filière de qualifications cohérente, lisible et stable et cet énième patch fait dans l'urgence de la fameuse demande (à moins que le problème ne vienne en fait de l’offre ?) contribuera au contraire à opacifier le paysage !
Comment élèves, employeurs et postulants au métier percevront-ils la différence de qualité entre ces qualifications offrant les mêmes prérogatives, mais loin d’offrir les mêmes compétences ?
Pourquoi cet empressement à créer un TFP, qui intervient juste au lancement d’une enquête-métier menée sous l’égide du Ministère des Sports, ayant précisément vocation à faire le point sur la situation de la profession ?
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Parce que nous pensons que les motifs de création de cette qualification trouvent leurs racines dans le culte absurde et mortifère d’une croissance sans fin, érigée comme valeur fondamentale.
Nous dédions une bonne part de notre existence à l’escalade et à la transmission de nos savoirs en la matière, nous sommes fiers d’être des acteurs majeurs de son animation et de son évolution au quotidien.
Mais développer massivement, pourquoi ? pour quoi ? Pour un bon nombre d’entre eux, les sites naturels atteignent d’ores et déjà le maximum de leur capacité d’accueil. La fréquentation des clubs et des amateurs peut-elle s’accroître indéfiniment sans que l’on ne questionne la capacité du milieu à y faire face ?
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Parce que s’il manque des moniteurs.rices, mettons en place les moyens et donnons des perspectives plutôt que de distribuer des diplômes cadeau empoisonné dont les titulaires seront les premières victimes. Il est ahurissant qu’à l’heure où le niveau sportif général explose, la FFME imagine baisser le niveau des tests d’entrée plutôt que de s’interroger sur les raisons profondes de la désaffection pour le métier qu’elle dit promouvoir.
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Parce qu’en résumé, nous déplorons que la fédération délégataire de l’escalade n’assure pas sa défense ni ne permette son développement durable, préférant foncer tête baissée dans un libéralisme primaire.
Parution : 07/07/2022