Article dans Grimper sur les accidents en escalade au printemps 2024
Début de saison catastrophique pour la grimpe : des accidents en cascade et quatre morts en trois semaines
Notre activité a été touchée par une série noire d'événements dramatiques en falaise avec, la semaine dernière, un accident par jour et trois décès. À peine croyable.
La triste série avait commencé le 29 mars dans les falaises du cap Canaille (Bouches-du-Rhône) avec la chute à la mer d’un grimpeur de la région grenobloise, Laurent Peña (54 ans), tombé à l’eau sur un sentier d’approche puis emmené au large.
Deux semaines plus tard, le 16 avril, c’est dans ce même secteur qu’a disparu dans des circonstances similaires Éric Meunier (60 ans) également happé par une vague alors qu’il venait d’arriver au pied du rappel de la cascade des Pirates. Éric, ce grand habitué des Calanques, était très connu localement puisqu’il était président de la section Marseille-Provence du Club alpin français.
Les secouristes spécialisés des sapeurs-pompiers ont précisé qu’ils avaient dû intervenir le même jour exactement au même endroit pour un autre accident, d’un grimpeur de 30 ans qui, heureusement, s’en est sorti qu’avec des blessures légères.
Également le 16 avril, au pied de la dent d’Orlu (Ariège), une pierre a mortellement frappé un grimpeur de 24 ans, originaire de Loire-Atlantique.
Le 17 avril, c’est au Thaurac (Hérault), dans le secteur du Mur des lamentations, qu’un grimpeur de 65 ans a fait une lourde chute, de plus de dix mètres, qui a occasionné une perte de connaissance momentanée. Sérieusement blessé il a été évacué par hélicoptère sur l’hôpital de Montpellier.
Jeudi 18 avril, c’est au tour d’une adolescente de tomber au sol d’une quinzaine de mètres à Orpierre (Hautes-Alpes). Elle faisait parti d’un groupe de jeunes vacanciers placés sous la responsabilité du Club alpin français de Roanne. Elle est décédée ce samedi à l’hôpital de Grenoble.
Le CT FFME 13 a d’autre part communiqué sur un accident survenu le 13 avril au Baou de l’Aigle avec un violent retour à la paroi lors d’une chute en tête. Le comité local, en la personne de son président, Jean-Claude Grand, mentionne que le jeune grimpeur ne portait pas de casque ce qui lui aurait vraisemblablement évité un important traumatisme crânien. Quant aux deux accidents sur le relief côtier, il rappelle également la dangerosité à s’aventurer en bordure maritime en cas de houle, même modérée, qui peut amener à être frappé et emporté par des vagues submersives.
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MISE À JOUR
L'accident sur le site du Moulin-du-Boël, à Bruz (Ille-et-Vilaine), imputé dans un premier temps par la presse régionale à une pratiquante de l'escalade concernait en fait une personne non pratiquante qui a mis fin à ses jours. Le club local nous en a informé afin que ce décès ne soit pas imputé à notre activité.
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Une dizaine d’autres accidents en six mois
Si la semaine dernière restera tristement mémorable, cela fait tout de même suite à une série d’autres évènements tragiques survenus au cours de ces six derniers mois : en octobre, deux accidents graves sur les sites de Romeyer (Drôme) et de Seynes (Gard) ; en novembre, un blessé grave au Verdon (Alpes-de-Haute-Provence) ; en décembre, un décès à Berrias-et-Casteljau (Ardèche) ; en janvier, un décès à Ganges (Hérault) et un accident grave à Arcy-sur-Cure (Yonne) ; en février, deux décès, sur le mur d’escalade de Tours (Indre-et-Loire) et à Courbon (Alpes-de-Haute-Provence) et deux blessés, à Pont-de-Barret (Drôme) et à Castelnaud-La-Chapelle (Dordogne) ; en mars, un blessé grave sur le mur de Mons-en-Barœul (Nord)…
Connaître les causes précises pour éviter les récidives : l'apport essentiel des retours d'expérience
Quasiment tous ces accidents sont liés à des chutes, soit importantes en paroi (une dizaine de mètres) occasionnant de sérieuses blessures, soient jusqu’au sol pour tous les décédés (excepté la chute d’une pierre et les " tombés à la mer ").
Dans chaque cas, des enquêtes sont bien évidemment diligentées par la justice, allant même jusqu’à relever « l’homicide involontaire », mais il est facile de comprendre qu’il s’agit à chaque fois d’erreurs techniques d’origine humaine, ne touchant pas que des pratiquants débutants mais également des grimpeurs très expérimentés.
Parution : 22/04/2024