2014 - BASE jump et accidentologie, description et évolution récente - Thèse de doctorat présentée par Mathieu David
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Introduction
Plusieurs observateurs de notre contemporanéité sportive, qu’ils emploient les termes de sports « alternatifs », « à risques » ou « extrêmes », soulignent la fréquence accrue et la radicalisation de l’exposition au danger.
Les tentatives d’explication de ce phénomène s’inscrivent dans différents registres: recherche de sensations fortes, appel de l’aventure, « déroutinisation » du quotidien ou encore affirmation identitaire...
L'origine de la notion de « sports extrêmes » daterait des années 1950 dans une phrase attribuée traditionnellement au romancier américain Ernest Hemingway : « Il y a seulement trois sports : la tauromachie, la course automobile et l'alpinisme ; tous les autres ne sont rien que des jeux d'enfants. »
La notion de sport extrême a évolué au fil du temps. Dans les années 1970 à 1980, seuls étaient considérés comme extrêmes, les sports pour lesquels les risques d'accidents mortels en cas d'erreur étaient réels.
À partir des années 1990, la notion d’extrême permettait de valoriser une activité , cette auto-proclamation est de ce fait, devenue très courante.
Depuis les années 2000, la définition s'est considérablement assouplie et sont classés dans cette catégorie les sports qui offrent de fortes poussées d'adrénaline ou qui sont des variations de sports classiques initialement sans danger mais orientés vers des pratiques plus dures, plus complexes et plus dangereuses.
Actuellement ces sports extrêmes sont de plus en plus populaires et recrutent chaque année de nouveaux adeptes pour des disciplines telles que le parachutisme, le parapente, le kayak en eau vive, l’escalade, le ski extrême (freeride), VTT de descente, le rafting et bien d’autres encore.
Force est de constater que le terrain de jeu de la plupart de ces sports est la montagne.
L’essor de ces disciplines peut être expliqué en partie par leur médiatisation notamment sur internet (You Tube®, Daily Motion®) et les réseaux sociaux. Elles sont aussi mises en scène par des marques de boissons énergétiques (Red Bull®) ou de caméra de sport (Go Pro®). Qui rivalisent entre elles de vidéos plus impressionnantes les unes que les autres. Ceci participant à l’influence sur notre jeunesse en quête de sensations fortes.
Parmi ces différentes activités, il en existe une qui se détache des autres par sa popularité : le BASE jump, variante du parachutisme, dont l’acronyme correspond aux quatre types de supports desquels peuvent s’élancer les pratiquants : les immeubles (Building), les antennes (Antenna), les ponts et viaducs (Span), la terre et les falaises (Earth). En France, cette activité se pratique majoritairement par le saut depuis une falaise. Son premier pratiquant l’a appelé le paralpinisme.
Ce sport en pleine expansion dans notre pays depuis ces vingt dernières années, résulte de la rencontre entre l’alpinisme et le parachutisme. Il prend aujourd'hui sa place à part entière dans les activités de montagne comme d’autres disciplines telle que le parapente ou l'escalade.
La preuve en est que ses pratiquants sont affiliés à la fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM) et non à la fédération française de parachutisme (FFP).
Souvent associé à un sport dangereux, ce sport extrême est malheureusement connu par le nombre d’accidents mortels qui en découlent.
Le saut de haute montagne réservé jusqu’il y a peu à un petit groupe de passionnés, susceptibles d’allier compétences en alpinisme et en BASE jump, devient plus commun.
Après les exploits des pionniers réalisés en lisse pour la plupart, les ouvertures se succèdent dans les Alpes et même en Himalaya. Les qualités de vol des wingsuits récentes ouvrent de nouvelles perspectives et des sauts qui paraissaient problématiques deviennent possibles. Géraldine Fasnacht et Julien Meyer en juillet 2012 ontpar exemple sauté du sommet du petit Dru en wingsuit ; et même du sommet du Cervin le 7 juin de cette année (2014). Ainsi l’été 2013 verra l’ouverture de nombreux sommets dans les massifs du Mont Blanc, de l’Oisans et de l’Himalaya mais de grands drames sont aussi survenus.
En effet, dans le même temps, entre le 16 juillet et le 19 septembre, onze paralpinistes trouvent la mort dans les Alpes en France, Suisse, Italie et Autriche.
Qui sont ces paralpinistes et BASE jumpeurs ? Sont-ils des têtes brûlées happées par la fascination d’un sport extrême hypermédiatisé ?
Ou bien des pionniers d’une nouvelle discipline exigeante qui cherche encore ses règles ?
L’objectif de cette étude est de faire un point sur la pratique actuelle du BASE jump en France, de décrire son accidentologie et les traumatismes qui en résultent afin d’envisager certaines règles de sécurité élémentaires, pour essayer de réduire l’accidentologie de cette discipline.
Parution : 01/10/2014